Sur les terrains ou dans les média, il se pourrait que l’époque actuelle marque un tournant pour le sport féminin en France. Doucement mais sûrement, les femmes semblent bien parties pour faire de l’ombre à leurs homologues masculins. Voici ce qui nous fait dire ça….
Des performances au rendez-vous
Les Françaises, championnes du monde et d’Europe en handball, victorieuses contre les Old Blacks en rugby en novembre dernier, Céline Boutier, gagnante du Vic Open mi-février dernier et première golfeuse à s’imposer dans ce tournoi international depuis 16 ans, la liste des récents exploits sportifs des “Bleues” est longue...Qu’il s’agisse de sport collectif ou individuel, elles tutoient les étoiles dans de nombreuses disciplines. Grâce à ces performances et à la qualité de jeu qu’elles proposent, elles gagnent en reconnaissance et donc en visibilité.
Thomas Glavany, journaliste rugby chez Canal +, explique “Il y a quelques années encore, le sport féminin, notamment les sports collectifs, n’attirait pas et ne remplissait pas les stades mais c’est en train de changer : les sportives françaises se professionnalisent, performent et donc attirent l’attention. Elles bénéficient, en plus, du succès et du soutien de leurs homologues masculins, comme en handball. Mais profitent aussi parfois, à l’inverse, de leurs contre-performances, comme c’est le cas en rugby.”
Cercle vertueux du succès, les bons résultats des Françaises et l’engouement qu’ils suscitent sont facteurs d’augmentation de la pratique sportive. En football, par exemple. Grâce à leurs nombreuses victoires dans les compétitions internationales ces dernières années, les joueuses françaises ont fait naître des vocations. Pour preuve, le nombre de licenciées dans la discipline a augmenté de 90% depuis 2011.
Un nouveau pari pour les media
Pour que le sport féminin existe, il doit être visible, l’enjeu principal pour qu’il se développe réside donc dans sa médiatisation. Aujourd’hui, 78% des Françaises et Français considèrent qu’il n’est pas assez encouragé et souhaiteraient en voir plus. Pourtant, selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel, il n’a représenté qu’entre 16 % et 20 % du volume horaire de diffusion de retransmissions sportives en 2016. Un chiffre qui révèle un mieux par rapport à 2012 (7%) et 2014 (14 %), mais une progression timide.
Ce constat sert de point de départ à l’opération “Sport Féminin Toujours” mise en place par le Ministère des Sports et le CSA. La deuxième édition de cette initiative visant à inciter les média à valoriser le sport féminin pour participer à une plus grande égalité hommes-femmes dans ce domaine, avait lieu les 9 et 10 février derniers. Le temps d’un week-end (seulement ?), les sportives étaient à l’honneur via des reportages et retransmissions d’événements sportifs comme le match de rugby France-Angleterre diffusé pour la première fois sur une chaîne du service public, France 2.
Outre ce type d’initiatives, l’organisation d’événements sportifs féminins d’envergure internationale couverts par les média joue un rôle crucial d’amplificateur pour le sport féminin. En France, les compétitions majeures se succèdent : après l’Euro de handball en décembre dernier, c’est la Coupe du Monde de Football féminin qui se jouera en juin prochain. Une compétition très attendue dont tous les matchs seront diffusés à la télévision, sur TF1 ou TMC. De quoi mettre un gros coup de projecteur sur les performances des Françaises.
Des femmes de tête à la tête des instances dirigeantes
« Les femmes ne sont pas assez présentes en terme de gouvernance et cela joue sur le développement de la pratique féminine. On le voit à l’échelle nationale, on a une seule présidente de fédération (Isabelle Spennato-Lamour à l’escrime), ce qui est assez fou aujourd’hui... Chez les DTN (Directeurs techniques nationaux), on est à peine à plus de 10% de femmes. ». souligne Anne-Marie Heugas, adjointe aux sports à la mairie de Montreuil et membre de la Conférence Permanente du Sport féminin.
Au delà de la visibilité accordée aux athlètes dans les médias, la féminisation du sport passe par sa gouvernance. Si la représentativité des femmes dans les hautes instances sportives est relativement faible pour le moment, les choses évoluent dans le bon sens notamment grâce à la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes. Elle comprend des mesures qui fixent des règles pour atteindre la parité dans les fédérations : « elle impose aux fédérations sportives comptant au moins 25 % de licenciées de nommer 40 % de femmes dans leurs instances dirigeantes. Les fédérations ayant entre 0 et 25 % de licenciées doivent quant à elles investir au moins 25 % de femmes dirigeantes. Cette loi a fait bouger les choses. Moi-même, si j’ai été nommée vice-présidente de la fédération française de cyclisme, c’est grâce à ce dispositif. » précise Marie-Françoise Potereau, conseillère interfédérale en charge des politiques intégrées de l’égalité et de la mixité dans le sport et vice-présidente de la Fédération Française de Cyclisme.
Et les chiffres semblent confirmer que la machine est bien en marche, le nombre de femmes élues au sein des Comités directeurs ou des Conseils d’Administration des 35 fédérations olympiques étant passé de 12,5% en 2009 à 36,5% en 2017. Faire en sorte que les femmes accèdent à ces postes à haute responsabilité, c’est s’assurer que la question de la parité dans le sport ne soit pas éludée et qu’elle devienne monnaie courante dans toutes les disciplines. Côté golf, un pas de plus vers la parité vient d’ailleurs tout juste d’être franchi puisque le VicOpen, tournoi australien remporté par la jeune française Céline Boutier le 11 février dernier, a, pour la première fois, réuni hommes et femmes sur le même parcours pour les mêmes prize money (gains).
Mais, aucun doute pour nous, le vrai événement marquant pour le sport au féminin aura lieu le 8 juillet sur les fairways du Golf de Saint-Cloud. Prêtes à vous joindre à nous ?!